Le Peuple de la Mer illustré par Antoine Bugeon

Antoine Bugeon met en images le roman de Marc Elder"Le Peuple de la Mer" prix Goncourt de 1913




Il y a un siècle, le nantais Marc Elder (Marcel Tendron) recevait le prix Goncourt pour son roman "Le Peuple de la Mer" devant Alain Fournier (Le Grand Meaulnes) et Proust (Du côté de chez Swann)
Le peuple de la mer n'est autre que le peuple de Noirmoutier au début du 20e siècle. Une vision romancée du quotidien des marins pêcheurs, de leurs aspirations, de leurs querelles, de leurs amours...
Un livre a lire ou relire sans tarder pour plonger dans ces vies noirmoutrines aux descriptions précises et imagées : le port de Noirmoutier et ses chantiers de construction navale, l'Herbaudière et ses marins, l'île du Pilier et les gardiens du phare, les fameuses régates du 15 août au cours desquelles s'affrontaient barques de pêche et plaisanciers...
A lire aussi pour être en phase avec les nombreuses manifestations qui vont avoir lieu à Noirmoutier pour fêter son centenaire. Des manifestations qui vont débuter avec le Salon du Livre de Mer les 15 et 16 juin. Expositions, conférences...
Parmi ces événements, l'exposition de 12 panneaux (1,40 sur 1 métre) sur les lieux principaux où se déroule l'action, le travail d'un jeune dessinateur noirmoutrin, bourré de talent, Antoine Bugeon qui a traité ces scènes à la manière d'une bande dessinée.
Après avoir choisi des moments importants de chacune des trois nouvelles, les élèments descriptifs des lieux et les traits de caractère des personnages, Antoine a travaillé sur des documents fournis par Les Amis de l'Île de Noirmoutier, Vincent Cristofoli et les nombreuses photographies de l'Île du Pilier prises par Michel Potier.
L'aspect "magique" de ces recherches : retrouver sur des photos anciennes ou des cartes postales, des détails mis en mots par Marc Eder. Exemple, une photo des alentours d'un chantier de construction sur la rive sud du port de Noirmoutier où l'on voit très précisément un cerisier, un potager, une barrière en bois tels que racontés 
"derrière le chantier, une palissade en volige garde du vent de mer un enclos où végétent des poiriers bas, des artichauds, des citrouilles et un cerisier dont on suppute annuellement la floraison... chargé de le veiller, Théodore tape avec son marteau sur l'établi dès qu'il aperçoit les oiseaux voraces"




Une des planches illustrant la bataille qui oppose "Laissez-les dire" et le "Dépit des envieux" lors des Régate du 15 août.

"Bord sur bord, au louvoyage, Coët a gagné Perchais. Mais le "Dépit des envieux" double trop largement la vouée de Pierre-moine et Perchais en profite pour essayer de passer sous lui. Les équipage se guettent de tous leurs yeux, écoutes en main, prêts à virer à l'ordre. D'une poussée, le "Laissez-les dire" s'engage s'engage sous le concurent. Quelques brasses séparent les sloops, et la grande ombre du "Dépit des envieux" s'abat soudain sur le "Laissez-les dire" en masquant à la fois le soleil et le vent...."





L'Herbaudière par mauvais temps, alors que les femmes se relayent à l'extrémité de la digue pour actionner la cloche vers le son de laquelle leurs hommes, perdus dans le brouillard, pourront se diriger. Cette cloche est exposée au musée de la construction marine.

"Maintenant le  village était  blotti dans la crainte. La vie s'était tue ; l'air avait perdu sa sonorité, les choses leur écho. On se cherchait d'une maison à l'autre, on se hélait en appels étouffés et la jetée ne retentissait point du soufflet des sabots. N'était la voix de la cloche, on pouvait croire que le brouillard avait effacé l'humanité sur cette pointe de terre"





La vie sur l'Île du Pilier où la Gaude sèmera la discorde.

"Dans l'enceinte, la Gaude jetait du blé noir aux poules pressées autour de ses sabots"









"En un tour de main, la Gaude a mis bas corsage et cotillon. Elle se frotte les reins une seconde avec sa grosse chemise de toile bise et l'enlève par-dessus sa tête. Elle est nue. Elle quitte ses sabots, s'élance brusquement dans le soleil.
...... 
La mer monte au ventre de la femme. Elle a un frisson, plonge ses bras qu'elle frictionne, avance. Dans l'eau, ses formes paraissent d'un blanc verdâtre, ondoyantes et lumineuses..."

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