La gloire de mon grand-père

Quand un petit-fils découvre sous 100 ans de poussière la malle d'officier de son grand-père dans un grenier noirmoutrin

Dédicace à la librairie Hellio sur la place de la mairie, face à l'hôtel Barré de la Grange.

Lise-Rose Rougemont a, toute sa vie, habité l'hôtel Barré de la Grange à côté de la mairie de Noirmoutier, la maison que son père, le commandant Maurice Rougemont, avait quittée pour rejoindre le front. Un père qui ne franchira plus le seuil de la maison familiale : le 21 mars 1917, il recevra une balle dans la poitrine au cours d'une reconnaissance pour établir un pont sur l'Ailette dans l'Aisne. 
Puis, le temps a passé. Lise-Rose a vieilli et cette demoiselle a vécu dans un véritable sanctuaire où elle conservait les souvenirs de son père dans un décor immuable. 
A la mort de Lise-Rose, un autre Maurice, petit-fils du premier, découvre dans le grenier les malles de son grand-père restées en l'état depuis leur restitution par l'armée. Se dévoile alors cette vie arrêtée brutalement : paquet de cigarettes entamé, un emploi du temps prévu au-delà du 21 mars avec ses rendez-vous qui ne seront pas honorés, cartes de visite, courrier, effets personnels dont le bicorne, étriers... 




La gloire de mon grand-père

Alors Maurice, photographe de métier, décide de fixer l'ultime trace de cette vie en photographiant tous les objets contenus dans les malles. Des photos prises à la lumière poussiéreuse du grenier, dans des clairs-obscurs qui savent garder la distance entre cet Officier et son époque tout en nous donnant le droit de pénétrer, avec douceur, dans son intimité. Car il est possible de céder à la nostalgie que procurent ces images, d'imaginer ce polytechnicien, Chevalier de la Légion d'Honneur, chef de bataillon commandant le génie de la 81e division territoriale d'infanterie, d'entrer sur la pointe des pieds dans ce grenier et de fouiller avec respect dans l'intimité de ses malles, puisque un livre intitulé "La gloire de mon grand-père" est paru aux éditions Lajouanie. Magnifique hommage à ce grand-père qui touche, malgré le siècle écoulé, un large public tant pour le sujet que pour la beauté des photos.

Philippe Delerm en signe la préface "C'est une composition en abyme. Maurice Rougemont, photographe, photographie la mémoire de son grand-père Maurice Rougemont... On pourrait imaginer un petit-fils cherchant l'idée de son grand-père dans le grand air d'un paysage de préférence balayé par le vent et la pluie, dans le bruit infini d'une canonnade. Mais non. Pas le moindre oxygène ici. Et rien que du silence. C'est que le photographe capte la mémoire d'une mémoire. Entre son grand-père et lui, il y a le filtre d'une préservation presque religieuse. La fille du chef de bataillon Maurice Rougemont a tout gardé, dans la grande maison familiale de Noirmoutier. Des housses sur les sièges, des volets tirés. Le soleil du dehors n'est plus qu'une flèche incongrue de lumière où danse une poussière blonde. Une demoiselle. Quelqu'un qui remet à plus tard la chance de jouer sa propre vie. Car il y a mieux à faire. Classer, garder, protéger. Tous ces objets qui sont aux antipodes d'une vie de demoiselle. Les éperons et les faux cols, les fourragères, les épaulettes, les cigarettes Abdulla, le stylo fabriqué dans une douille. Les cartes d'état-major, la croix de guerre. Le bicorne de Polytechnicien... la minutie sacerdotale avec laquelle la demoiselle a tout gardé dans le salon, les malles, les coffrets..." 

Une exposition pour prolonger l'hommage

Maurice Rougemont dans la salle d'exposition du donjon du château consacrée aux malles de son grand-père.

C'est au donjon du château, dans le cadre de l'exposition "Noirmoutier et la Grande Guerre", que sont présentés quelques photos grand format tirées du livre "La gloire de mon grand-père" mais aussi tous les objets qui dormaient depuis 100 ans dans les malles de cet officier. A voir jusqu'à la fin de l'année.

Maurice Rougement photographe

Après avoir passé une licence de sciences économiques en 1972, il opte pour le photojournaliste et débute au Quotidien de Paris avant de rejoindre les Nouvelles Littéraires où il réalise des portraits d'écrivains, activité qu'il poursuit aujourd'hui au sein de l'agence Opale. Il a également découvert l'univers de la gastronomie et collaboré avec des magazines comme Cuisine et Vins de France, GaultMillau Saveurs et aussi le Point, l'Express, Paris-Match, Elle à Table, Marie-Claire... Il sillonne toujours la France pour réaliser des portraits de chefs, connus ou non et réalise des reportages sur le terroir. De ces voyages, plusieurs livres ont été réalisés en collaboration avec le journaliste gastronomique Gilles Pudlowski. Quelques titres : La Cuisine des Chefs chez Eux, Les Chefs et leurs Banquiers, Les Trésors Gourmands de la France, Elles sont Chefs, Les Grandes Gueules et leurs recettes, Les Grandes Tables de Paris, Un Tour de France Gourmand....

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