Poème d'un îlien exilé

Robert Péaud ancien saunier offre ce poème à son île et aux Noirmoutrins



Robert Péaud, natif de Vendée et ancien saunier noirmoutrin, habite depuis plusieurs années au Maroc d'où il nous envoie cette ode à son île qu'il chérit autant que son pays d'adoption. Un cadeau de confinement !

 

L'île 
Soudain nostalgiques mes pensées vagabondent,

Mon esprit se mélange au vol des goélands.

Il plane au loin, là où les souvenirs abondent,

De nuage en nuage il vogue sans élan,

Il s’élance vers ses digues et ses polders,

Derrière, des bateaux, gisant sur la vasière.



Je me souviens bien, le Gois° au soleil du matin,

Vives couleurs rouges dans le ciel de la baie,

Sa grande croix dressée surveillant le lointain,

On y sonne la cloche aux brouillards trop épais.

À la marée basse, paradis des pêcheurs,

Le coquillage y est traqué avec ardeur.



Jamais je n’oublierai ses vieux marais salants,

Le vièle° délicat s’égouttant sur les vettes°,

Des œillets° montent une senteur de violette.

Puis sur les longs bossis°, les mulons° de sel blanc.

De-ci de-là quelques touffes de salicorne,

Et parfois dans les étiers nagent des tadornes.



Il me revient aussi la plage et l’océan,

J’en aime les embruns, les tempêtes l’hiver,

L’écume des rouleaux s’écrasant sur l’estran.

Rythme des marées au paysage éphémère,

J’en aime les couleurs et le ciel flamboyant,

Le cri des mouettes, le soleil au couchant.



Au cœur des pinèdes, tout au long des sentiers,

Les pommes craquent dans la chaleur de l’été,

J’en courais les chemins, me perdais volontiers,

J’étais insouciant, épris de liberté.

Les dunes j’aimerais pouvoir m’y perdre encore,

Pour y passer la nuit, rêver jusqu’à l’aurore.



Mais surtout c’est l’Arbre, vieux et majestueux,

Longtemps il a été mon refuge d’enfance,

Dans ses branches je grimpais, tout respectueux,

De moi et bien d’autres il tait les confidences.

Perché tout au sommet, calé dans sa frondaison

Le regard se perdait, sur la mer, l’horizon.



Bien loin je suis parti, il n’y a plus d’embruns,

Mais des tons ocre sur le vert de la vallée,

L’air n’y est pas iodé mais les chemins sereins.

Îlien égaré ayant trop cavalé,

Je suis comme Ulysse ayant perdu son amour,

Ô Île océane te reverrai-je un jour ?


 Robert Haïtam Péaud (tous droits réservés) Janvier 2019

Passage du Gois° : route submersible de 4125 m de longueur reliant l’Île de Noirmoutier au continent.
Le vièle° : nom noirmoutrin pour la fleur de sel.
Vettes° : étroits chemins d’argile séparant les bassins d’évaporation de l’eau de mer.
Bossis° : longues bandes de terre séparant les salines et les réserves d’eau de mer.
Mulon° : l’endroit où le sel récolté est stocké journellement.
 


Robert écrit pour des magazines de tourisme et il participe avec succès à des concours de nouvelles et de poésies que l'on peut retrouver sur son site :

http://roberthaitamtinghir.e-monsite.com/  

Il est également l'auteur d'un recueil de poésies intitulé "Au gré des Vents et des Mirages" aux éditions Le Lys Bleu.







Commentaires

  1. magnifique ton poême robert cela m'as vraiment touché ,j'aimerai savoir si l'on trouve certaines de tes oeuvres en françe :je t'embrasse !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Anonymous, et ravi que tu aies apprécié ce poème.
      Mon recueil de poésie ''Au gré des vents et des mirages'' est normalement commandable en librairie.
      Aussi sur le site de l'éditeur Le lys Bleu Éditions, sinon, Fnac, etc
      Dispo de même en format ebook sur les mêmes sites.
      Bonne soirée!

      Supprimer
    2. Sous le nom de Robert Haïtam Péaud

      Supprimer
    3. une bouffée de poésie qui m'a fait oublier un instant la tragédie du moment .merci

      Supprimer
    4. Alors j'en suis ravi. Je vous souhaite une belle soirée

      Supprimer

Enregistrer un commentaire