Maria, Gilberte, Suzanne, Roger, Andrée, Marie-Thérèse, Etiennette racontent leur confinement
C'est toujours masquée que les Humeurs de l'Île ont rencontré un troisième groupe de résidents de la maison de retraite. L'objectif, recueillir leurs témoignages sur la manière dont ils ont vécu la période de confinement. Pour rappel, toutes ces personnes fragiles ont été privées des visites de leurs proches, de sorties, obligées de prendre leurs repas dans leur chambre, de longues journées qui n'étaient plus égayées par les animations et les conversations avec les uns et les autres.
Nonagénaires, à l'exception d'une jeunette de 74 ans, ces personnes, dépendantes physiquement, ont été particulièrement entourées par le personnel avec des attentions diverses : promenades, manucure, cheveux... autant d'actions bénévoles offertes avec le coeur.
Si certains de ces résidents ont déjà pris du recul par rapport à cette période, peut-être le privilège de l'âge "Je trouvais le temps long. Heureusement il y avait la télévision mais j'avais le manque de Philippe (l'animateur) même s'il venait nous distraire ce n'était pas pareil" ou bien, résignée "je me laissais vivre, que voulez-vous que je fasse ?" et aussi "c'était difficile mais c'était normal" Heureusement, il y avait le téléphone et les visios pour garder le contact avec la famille et un peu le moral.
Mais tous n'ont pas cette résignation et l'une de ces personnes s'écriera "pour moi, c'était affreux ! Je vois très mal donc je ne peux pas lire, je ne peux rien faire de mes mains. J'ai vécu une inaction complète et le manque de mes enfants et petits-enfants" Pourtant, cette femme brillante et pétillante ne s'est pas laissée aller et a gardé les commandes de son intellect et de sa mémoire en les conviant à des petits jeux de mots, de la poésie. Avec son mari (qui habite en face de la maison de retraite), elle a mis au point un jeu avec les lettres "on écrit des phrases entières en n'utilisant que des lettres" Exemples "L A L V D B B" ou "L N R V" et tant d'autres plus amusants ! Il faut savoir que, tous les jours, son mari montait péniblement, aidé d'une cane fauteuil, les marches extérieures de l'établissement qui conduisent derrière une porte-fenêtre du premier étage et là, tous les deux conversaient par téléphone interposé.
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Les amoureux, John et Maria, se retrouvant chaque jour pendant le confinement |
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