Les nouvelles du concours Trait-d'Union

Du plaisir d'écrire à celui d'être lu : les nouvelles du concours de la librairie Trait-d'Union à lire et à partager sans modération 


La librairie Trait-d'Union proposait un concours de nouvelles intitulé "Donne-moi de tes nouvelles..." Les textes primés par le jury présidé par le journaliste-écrivain Nicolas Roux auteur d'une délicieuse et grinçante nouvelle "Papa Poule" ont été lu lors de la remise des prix.
Ce concours existe depuis 3 ans. Deux consignes incontournables : écrire un texte de une ou deux pages maximum et inclure dans le texte les mots choisis par le président du jury. Les mots pour cette édition 2012 : dégoiser, vacarme, humanité, enliser, sentiment, pantalon, ridicule, éternité, éducation, étoiles, solitude, latécoère, chansons, entêtant, apprivoiser, marmelade.
Une nouveauté cette année : la possibilité d'être lu par le plus grand nombre car c'est avec un grand plaisir que "Noirmoutier les humeurs de l'île" a accepté d'héberger les textes des lauréats dans un premier temps et tous les autres (une trentaine) pour la rentrée... littéraire !
Les membres du jury : Bénédicte Déprez libraire, Nicolas Roux président, Thomas Joiret éditeur parisien,
Claude Labram médecin à la retraite et lecteur insatiable et (absent) Frédéric Barrault lauréat du concours
2011. Au premier plan, trois des six lauréates : Jeanne Raimbault, Lucie et Violaine Chusseau.

Prix spécial jeunesse "La berceuse du wagon" par Jeanne Raimbault (16 ans)


Le sommeil de venait pas. Le ronflement incessant du train et de cet homme m'empêchaient de me laisser aller à mes songes.
Sous son plaid, le gros ventre de ce bonhomme semblait se gonfler d'air, puis, se vider, comme le ballon d'une montgolfière. 
Il avait l'air ridicule, son grotesque bonnet écossais sur les yeux. Avait-il peur de perdre ses paupières ?!

Il faisait doux, le train traversait une de ces pleines désertes, sans issues, dont la lueur de la lune rendait cet espace enchanteur.
Le ciel, d'un bleu mer, était parsemé d'étoiles, et, pas un nuage ne venait rompre cette infinie parcelle de lumière.
Soudain, mon voisin se mit à toussoter, renifler, gémir! D'un bond, je sortis de ma couchette...il rêvait ! Non ! S'en était trop, je ne pouvais supporter ce manège plus longtemps. Je pris la porte et arrivais dans le couloir.

Le sol craqua sous mes pas et une fenêtre entre ouverte laissa entrer une brise fraîche qui me fit frissonner.
Comme la porte, derrière moi, s'était refermée, je me glissais dans une cabine un peu plus loin, et, je fus accueilli le plus amicalement possible :

- Bon Dieu ! Un chien ! Fiche le camp sale clébard !

De part mon éducation j'avais appris à ne pas montrer les crocs pour rien, je courus donc me réfugier, après cette petite mésaventure, sous un fauteuil de velours rouge. Il y avait un tapis, lui aussi pourpre et puis, près du bar, un vieil homme, noir, jouait un air de jazz.
Et, assis près du piano, un autre homme, le teint blafard, enlisé dans la pénombre, un verre à la main, un havane dans l'autre, me regardait, les yeux effacés par l'alcool. Et je sentis qu'à chaque bouffée de tabac, son vieux cœur mourrait un peu plus, de chagrin, de remords, d'ennui ou de vieillesse peut-être. Mais il s'éteignait dans ce recoin isolé.
L'atmosphère se faisait lourde et déprimante, aussi, je décidais de passer mon chemin, mais, avant de partir, je vins m'asseoir devant le vieil homme. Alors que je m'apprêtais à lui lécher affectueusement la main, il plongea au plus profond de mes yeux, et, son regard comme lié au mien, ne put s'en détacher. Une larme vint alors percer la nuit et briller au coin de son œil gonflé, elle s'écoula lentement comme creusée par de lourds souvenirs et vint lécher sa joue ridée.

Je m'enfuis une nouvelle fois. J'étais bouleversé.

 À quoi pensait-il ? L'avais-je interrompu ? Pourquoi tant de souffrance dans une si petite larme ? Toutes ces questions s'envolèrent bien vite lorsque je vins à sentir, renifler, une odeur qui chatouilla mes papilles. Je remontais jusqu'à ce délectable parfum et entrais dans une cuisine. Les cuisiniers s'afféraient, même tard dans la nuit, ils restaient fidèles près de leurs fourneaux. Certains portaient d'étranges chapeaux blanc, d'autres empoignaient balais et serpillières. Je salivais devant tous ces mets délicats. L'on pouvait trouver : bisque de homard, rôti de veau, pintadeau farcie à la truffe du Périgord, lotte au curry et j’en passe... Mais, surtout, ce qui retint mon attention : un bon gros poulet bien doré !
Aussitôt, galopant vers la table, je m'élançais pour m'en emparer, mais, malheureusement, je fus repéré et l'on me chassa à grands coups de balais, dans un vacarme de casseroles, comme si j'étais l'auteur d'un grave larcin.

Alors, les yeux de larmes, le souffle court, je retournais dans le couloir, perdu. Un sentiment de profonde solitude m'envahit. J'en voulais à la l'humanité tout entière. J'espérais dès à présent retrouver mon maître ; il me semblait que cela faisait une éternité que je ne l'avais pas vu.

Je passais devant deux vieilles bonnes femmes qui dégoisaient devant un certain Jean-Paul...

Et, tout à coup, j'entendis une chanson. Ce devait être un gosse, la voix était aiguë. Je passais une petite porte. D'abord, je ne vis que son pantalon ; d'un rouge vif, et puis, oui, en effet, c'était bien un gamin. Il s'approcha de moi, le sourire jusqu'aux oreilles, tentant sûrement de m'apprivoiser mais de par mes expériences passées, je reculais… Il avait les joues roses, de belles boucles blondes et tenait dans sa main un minuscule Latécoère avec lequel il jouait.

C'est alors que je remarquai, tout près, juste là...CE chat! Il dévorait de la marmelade d'abricot! Incroyable! Je n'avais jamais vu pareil spectacle auparavant ! Et ce chat, au fur et à mesure qu'il engloutissait cette compote acide, grossissait et gonflait, gonflait, jusqu'à devenir plus gros qu'un lion et écrasait à présent le petit garçon dont la mélodie, devenue entêtante, ne cessait de résonner. Et le félin, de ses grands yeux jaunes, de ses grandes dents et de son sourire cruel, ouvris une gueule béante et...

- Debout ! Allez, hop ! Debout Pantoufle ! Le train vient d'arriver en gare mon chien ...Ne vas pas te perdre ! 


Jeanne Raimbault, originaire de Tours, est en classe de 1ère en Bretagne, option japonais. Elle envisage de faire une école d'art dramatique, une des ses nombreuses passions. Depuis qu'elle sait lire et écrire, elle aime inventer de brefs récits, écrire des poèmes et elle travaille actuellement à son premier roman. 


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Grand Prix  1ère "Nuit blanche" de Lucie Chusseau

Nancy ouvre à la volée la porte de son appartement. Elle fixe un instant l’heure qui clignote sur l’écran du radio-réveil. 5h32. Elle affiche un calme olympien tandis que les battements de son cœur la font vibrer de tout son corps. 
Tempête sous un crâne. Elle ôte sa robe rouge et ses collants à la hâte, hésite puis renonce à enfiler son pantalon de pyjama. Elle file dans la salle de bain et reste face au miroir, dans l’obscurité. Après un certain temps, ses yeux s’habituent à la pénombre et elle distingue les contours de son corps ainsi que les longues traînées noires qu'a laissé sur ses joues le maquillage. Souvenirs de la soirée passée. Son rouge à lèvre est parti, pressé contre trop de verres, trop de bouches aussi. 
Nancy s’appuie contre le rebord du lavabo et tente de donner un fil à sa pensée. Elle a perdu la notion du temps, des flashs, des bruits, des visages lui reviennent en mémoire et la font chanceler. Elle se concentre et se rappelle qu'on est samedi matin. Hier, vendredi donc, elle s’est levée tôt a pris une tartine de marmelade comme d’habitude et a filé en cours à la fac de droit dans un amphithéâtre bondé. Sa mémoire semble se remettre peu à peu en marche. Elle revoit le professeur de droit privé dégoiser sans discontinuer sur un article lambda du code civil. Elle aime ses études, elle veut devenir magistrate. C’est le rêve de sa mère. 
Nancy se penche au-dessus du lavabo en proie à des hauts le cœur. Elle se passe de l’eau froide sur le visage et tente de se concentrer sur les évènements de la veille. 
Le vendredi, c’est la journée du déjeuner hebdomadaire avec sa mère justement. Comme d’habitude elle la serine sur l’importance d’avoir une éducation solide et sur la chance qu’elle a de suivre des cours dans l’enseignement supèrieur. Elle insiste encore une fois sur le mal et les sacrifices qu’elle a du faire pour que Nancy puisse s’en sortir. Bien sûr, sa fille hoche la tête, elle connaît le refrain et est infiniment reconnaissante à sa mère. Maman, si tu savais… Mais elle est bien loin de tout cela sa mère. Elle les a élevé, elle et sa petite sœur Louisa, dans sa loge de gardienne d’immeuble et avec son seul salaire. 
Nancy va jusqu’à la fenêtre et l’ouvre en grand. Dehors, les bruits de la rue résonnent et ricochent contre les murs des immeubles. Les nuages chargés de pluie et de pollution cachent les étoiles. Elle se demande combien de temps elle a devant elle et se rend compte qu’elle tremble. 
Après ce déjeuner chez sa mère, elle fait quelques courses comme d’habitude. Des préservatifs, du désinfectant, des Kleenex. Et un nouveau rouge à lèvre, pour se faire plaisir. Après ça elle rentre chez elle et s’allonge sur son lit pour réfléchir. Comment sa mère croit qu’elle paye son appartement ? Et ses cours privés du soir qui la maintiennent à niveau ? Et les livres pour la fac ?

Ensuite, Nancy se prépare. Elle prend un long bain puis s’épile. Comme pour un rencard, c’est ce qu’elle se dit à chaque fois. Elle enfile des sous-vêtements propres et passe en revue différentes tenues. Elle a choisit une robe rouge cette fois. Et provocante. Elle se parfume puis se maquille.  Pour finir elle enfile ses talons. 8cm et une bonne dose de confiance en plus. Avant de passer le seuil de la porte d’entrée elle jette toujours un coup d’œil à son reflet dans le miroir. Elle n’est plus la même. La honte lui saute à la figure. Sa solitude aussi. Elle détourne le regard puis tourne la clé dans la serrure, elle n‘a pas le choix.
Nancy referme la fenêtre et se glisse sous la douche. L’eau chaude la fouette. Sa culpabilité glisse en même temps que la saleté par le trou d’évacuation. 
Hier, tout s’est pourtant passé comme d’habitude se dit-elle. Après avoir quitté son appartement, elle est allée traîner dans plusieurs bars avant d’atterir vers minuit au Golden Club, la boîte de nuit dans laquelle elle a ses habitudes. A peine arrivée, elle se fait servir un, puis deux, puis trois gin par Tony. Puis, elle s’élance sur la piste et danse avec quelques hommes. Les chansons s’enchaînent, elle les connaît par cœur. Enfin elle repère un type en costume assis seul. La cinquantaine environ. Elle estime la taille de son porte-feuille à la qualité du cuir de ses chaussures cirées. Elle s’approche de lui, fèline sur ses hauts talons. Le type est gros, chauve et moche mais il a du blé, c’est à cela qu’elle pense. Elle s’asseoit sur ses genoux pour lui parler à l’oreille. L’odeur de son eau de cologne est entêtante. Il se laisse facilement apprivoiser, il est  là pour ça. Il commande des verres et lui caresse les cheveux. Elle sait ce qu’elle a à faire, le scénario est bien rodé et après un moment il lui indique la sortie. La rue paraît extraordinairment calme après le vacarme de la boîte. Nancy est défoncée mais accepte quand même la ligne de coke que le vieux lui propose dans le taxi. Il l’installe sur ses genoux, comme si elle était sa petite fille. Il passe ses mains sous sa robe et la caresse. Elle sent son collant céder sous ses gros doigts.
Nancy sort de la douche et enfile son peignoir. Elle ne se rappelle même plus comment elle a commencé à faire ça et pourquoi la situation s’est enlisée au point que cela devienne sa routine chaque vendredi et samedi soir. Il fallait qu’elle paye les factures, qu’elle réussise ses études, qu’elle devienne magistrate... 
Elle s’assoit sur son lit et repense au vieux. Ils sont descendus dans un hôtel rue Latécoère. A peine entrés dans une chambre à laquelle il semble  être habitué, il la déshabille brutalement, fait voler sa robe et ses sous-vêtements. Il la jette sur le grand lit et elle se cogne la tête contre la table de chevet. Elle reste légèrement assomée tandis que le gros retire son pantalon en l’insultant. Alors, Nancy pense à son sac qu’elle ne peut pas atteindre, il est tombé à côté de la porte d’entrée. A travers les brumes d’alcool et de coke se dessine parfaitement dans son esprit l’image des préservatifs. Elle panique. Elle accepte d’être une pute de luxe parce qu’elle n’a pas le choix, mais comment  passer les  concours de la magistrature enceinte jusqu’aux yeux ? Elle sent le poids du vieux peser sur son corps, elle le supplie d’arrêter mais il s’en fout. Tirer son coup. C’est tout. De toutes façons, pour lui les conséquences ça n’ira pas chercher bien loin. Nancy mise face à son impuissance, panique et saisit alors la lampe de chevet qu’elle fracasse sur le crâne du pauvre type de toute ses forces. Il s’écroule à demi nu. Nancy se dégage du corps inerte et à la vue du sang qui coule avec profusion, elle sait qu’elle l’a tué. Elle tâte son poul. Silence radio. Alors elle se rhabille, fouille rapidement les poches du type, prend son porte-feuille et saute dans un taxi.
Elle réfléchit, assise en tailleur sur son lit. Sentiments divers. Elle a l’impression que l’humanité entière sait qu’elle est une meurtière. Elle pense à sa vie foutue. Sa place sur le banc des accusés, du mauvais côté dans le  tribunal. Alors elle ouvre le porte-feuille du type. Divers papiers, carte d’identité, quelques billets… Et une carte de visite à son nom : Dominique Verdon, magistrat au bareau de Paris.

                                                                      
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Grand Prix 2ème ex-aequo "Co-locataires" par Violaine Chusseau

De la mezzanine, elle dispose du poste d’observation idéal. Sale manie du propriétaire que de vouloir à tout prix choisir lui-même ses locataires. Pas lui qui supporte les farfelus, névrosés et autres maniaques qu’il s’évertue à lui coller dans les pattes. Au moins, la séance vaut son pesant de cacahuètes. Vêtu d’un costard ridicule, veste étroite sur pantalon trop court, il accueille les candidats à la location. Vigoureuse poignée de main. Veut renvoyer l’image d’un type franc. Puis, muni d’un sourire avenant et d’une liasse de notes pseudo juridiques relatives au droit des baux d’habitation (sources : annales du bac sciences économiques et sociales 2003), il 
commence la visite. Jamais avare d’un bon mot, surtout quand il s’agit de faire avaler des couleuvres : l’interrupteur de travers ? ah, le cachet de l’ancien … vous allez faire attention, vous savez, Claude François, ah ah … Il s’enlise dans des explications techniques vaseuses. Toujours les mêmes chansons. Le plus étonnant, c’est que ça fonctionne. Il se sent fin psychologue. Si psychologie il y a, le ressort ne se situe pas là où il l’imagine : au fil de l’entretien, le visiteur développe un sentiment ambigu, sorte de connivence prête à se muer en condescendance. Et il signe. Bail de trois ans. Elle voit l’heureux élu monter dans sa voiture. Appeler bobonne. Elle l’imagine décrire, des étoiles dans les yeux, la maison bourgeoise qui sera leur nid douillet pour l’éternité et plus si affinités. Comme d’habitude, la question du partage de l’espace a été soigneusement éludée. Intérieurement, elle se gausse.

Emménagement. Quatrième fois cet hiver. Nouveaux bibelots, nouveaux rideaux, nouvelles têtes. Toujours l’air aussi con. Soupir. Faut voir à l’usage. C’est tout vu. Comme les derniers, les avant-derniers et ceux d’avant. Désolée de devoir partager son espace vital avec de sombres abrutis. Beau meublé, c’est bien ça le problème. Grandes chambres claires, belles pièces de vie, du cachet, avec juste ce qu’il faut de coins sombres pour elle, pour les moments où elle ne se sent plus capable d’exposer sa terrible fragilité à autrui. Elle est faite pour la solitude. Ne peut pas partir. Pas les moyens. Elle a cruellement conscience de dépendre des autres pour pouvoir rester en ville, vivre dans cet endroit douillet qui lui convient. La maison pour elle seule … Rêve entêtant. Mais comment ? Une grange à la campagne … Il faudrait trouver la force et les moyens de quitter la ville. Pas prête. Peut-être viscéralement citadine.
A la faveur des planches disjointes de la porte de communication, elle observe. Combien de temps ? Qui d’elle ou d’eux poussera l’autre à bout, à plier bagage ? Pas particulièrement exigeante. Plutôt facile à vivre.  Pas le genre à dégoiser aux dépends de ses voisins. Très discrète. Silencieuse, même. Ça peut surprendre. Entre dans une pièce, on s’aperçoit de sa présence un moment plus tard. Petit sursaut de peur. Pas facile à apprivoiser. Son attitude dérange. Cette impression qu’elle donne de toujours chercher les endroits reculés, les recoins. Pour se dérober aux regards, disparaître. Et son art, son métier. Plus que tout, c’est à ce niveau qu’elle se sent incomprise. Rejetée, même. Par tous les colocataires avec lesquels elle a été contrainte de partager la maison.
Et ça recommence. Tous les indicateurs sont au rouge. Une journée, et l’affaire est pliée. Ils doivent partir.
Elle en a déjà plusieurs à son actif, des départs « accompagnés ». Dernier en date, le couple avec la femme aux nerfs fragiles qui n’a pas supporté ses intrusions nocturnes dans leur espace conjugal réservé. Terreur nocturne provoquée par la perception de sa seule présence silencieuse à leur chevet.
Un peu particulier, le cas du cruciverbiste. Il n’y voyait pas clair de loin, et était dur de la feuille. Ils se supportaient plutôt bien. Jusqu’au jour où elle est venue lui souffler près, si près de l’oreille : deux, horizontal, en neuf lettres, « calme les ardeurs » : Latécoère. Il séchait depuis un bon quart d’heure sur la définition, elle brûlait de le sortir de ce mauvais pas. Il a été surpris. Quand les pompiers sont arrivés, ils n’ont rien pu faire, la crise cardiaque l’avait terrassé.
Et la maniaque hystérique, qu’elle a fait fuir en disposant obstinément, avec application, chaque nuit, ses productions artistiques honnies dans les parties communes. Un crève-cœur. Elle subissait chaque matin la destruction systématique de ses toiles par la mégère enragée, sacrifiant son art au profit de sa tranquillité. Vacarme intime. Plus éprouvant psychologiquement. Mais partie gagnée.
Ceux de novembre … Un couple d’anglais avec deux enfants. N’ont pas supporté ses rares amis. Invasion pourtant polie et discrète, question d’éducation. Invasion régulière, certes, s’agissant de celles de ses connaissances qui vivaient dehors et qu’elle n’avait pas cœur à laisser souffrir des premiers frimas. Pas les plus propres. Pas les plus agréables à regarder. Ont pu laisser traîner une ou deux fois leurs pattes dans le pot de marmelade. Mais que diable, un peu d’humanité ! Bon, torts partagés, cette fois-là.
Et maintenant … Bien noté le regard horrifié jeté par la femme sur l’une de ses dernières œuvres. Senti la gêne lorsque, confortablement  juchée sur le dossier de sa chaise, elle a esquissé un discret mouvement de sa tête d’épingle pour saluer leur arrivée, puis est retournée vaquer à quelque occupation dans le lustre.
Lassitude, soudain. Manque d’imagination. Elle quitte le trou dans la porte et monte le long du mur. Se poste au-dessus d’un tableau, monte encore. Atteint l’angle du plafond. Nouveau point de vue. Elle prend de la hauteur. Tente de comprendre pourquoi, par malchance, ses colocataires ont tous une araignée au plafond.


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Grand Prix 2ème ex-aequo "Le dernier baiser" par Martine Poitevin


I
l passait la nuit sur son balcon, la tête dans les étoiles, enivré par le parfum entêtant de l’oranger et du jasmin. C’est elle qui les avait mis en pot. Contre toute attente, l’hiver les avait épargnés, le jasmin avait enroulé ses lianes à la balustrade et convoitait les fils électriques de la rue. Sous la lumière crue, il ne dormait pas, allongé sur le dos, torse nu, vêtu de son seul pantalon, il regardait la face ronde de la lune et bien sûr pensait à celle qui n’était plus qu’un souvenir…  Pourtant, quand au petit matin il s’assoupissait un court instant, elle venait se lover contre son dos, sa jambe enroulée à la sienne, son souffle sur sa nuque. Il souriait dans son faux sommeil, tendait le bras pour presser sa cuisse ferme et ne rencontrait que le vide. Nul n’aurait pu le dissuader de sa présence, il balayait d’un revers de main ceux venus dégoiser la litanie du bon sens et de la raison. Elle était là leur martelait-il. Ses bras entouraient sa poitrine à lui couper moitié la respiration. Elle murmurait à son oreille les paroles de leur chanson. Oui, ils en avaient une comme tous les vrais amants qui se moquent bien de ceux qui les jugent ridicules. Celle-là était une romance, une douce et tendre ritournelle qui au long des élans et revers amoureux nourrissait sa mélancolie. Il en usait et abusait, savourait les paroles « du baiser » et ne doutait pas que sur ses lèvres, elle l’avait déposé.

Ce soir là, au-dessus de sa tête bien mal en point et son cœur chagrin, le ciel manqua de discernement, convoyant à la queue leu leu de gros nuages menaçants. L’orage éclata, un orage sec qui l’épargna de la pluie, mais alentour, les remparts de la ville fusillée d’éclairs, bleuissaient l’horizon. A peine essuya-t-il quelques grêlons, il ne bougea pas, elle aimait tant la pluie, ce temps là l’aurait ravie. Dans le vacarme du tonnerre, étrangement, il s’endormit. Louise en profita.

Elle se glissa dans l’appartement. Rien n’avait changé. Sur la commode, la lampe mandarine veillait sur la maquette du Latécoère. Il l’avait repérée dans la vitrine de l’antiquaire du bas de la rue, s’arrangeait pour que leur promenade les invite à passer devant. Le nez collé à la vitre il contemplait l’hydravion avec des yeux d’enfant. Louise n’avait pas résisté à ce regard, pour leur anniversaire de mariage elle lui avait offert. Les femmes commettent ces gestes là, bénis d’humanité quand elles aiment avec leur chair, leur sang, de toute leur âme, de tout leur corps. Cet amour était trop grand pour lui, un jour, ce qui avait été donné fut repris, sans avertissement. Il apprit du renoncement. L’éternité n’était pas de ce monde, il devait cessait s’enliser dans ce qui n’était plus.
Quand Louise se pencha sur ses paupières closes elle comprit que son sommeil était profond, les cauchemars se tenaient à distance, il trouvait le repos dans la solitude du dormeur confiant en ses rêves. Lentement elle recula, le rideau bruissa à peine à son passage, le vent malmena les fleurs du jasmin, les narines du dormeur palpitèrent, il se retourna sur le côté, remontant ses genoux vers son ventre en gémissant sourdement. Elle ne supporta pas davantage la vision de ce grand petit garçon qui bientôt s’agiterait dans ses songes et tenterait la retenir, en vain.
Dans l’appartement, elle avait toujours préféré la cuisine, elle s’y réfugia. Sur le carrelage frais, le chat alangui la fixait de ses perspicaces prunelles. Le matou ne pouvait guère être abusé, il se redressa, ébouriffé de l’échine à la queue, oreilles couchées, bondit sur le rebord de la fenêtre ouverte, hésita à fuir et finalement s’accroupit dans la gouttière, le regard tourné vers la pointe du Roc zébrée d’éclairs. Elle l’entraînait souvent là-bas les jours de mauvais temps, question d’éducation, elle n’était pas fille de marin pour apprécier les seules ailes d’un avion. Près du Latécoère, sous l’éclat de la lumière orangée, se dressait un modèle réduit du phare du Cap Lihou chapeauté de sa coupole de cuivre rouge. Il l’avait conservé ! Ne lui devait-il pas son malheur ? Fidèle, le fanal accomplissait son œuvre, balayant les ombres. La silhouette du chat se découpa gigantesque sur la porte blanche du frigo. Le faisceau éclairait régulièrement un pot de marmelade resté ouvert où se débattait, au long des parois poisseuses, une colonie de fourmis prises au piège. A chaque rotation de la lanterne Louise s’affligeait du combat inutile des insectes. Elle songea qu’ils ne valaient guère mieux empêtrés dans leur passé, sans avenir, s’épuisant pareillement, comprit qu’il était temps pour elle de rejoindre le bord du monde. Elle s’en vint sur le balcon. « Si la vie est un film de rien. Ce passage-là était vraiment bien. Ce passage-là était bien» (*) chantonna-t-elle à son oreille. Il ouvrit les yeux, frémit à peine en découvrant son regard clair et sincère.
- Maintenant, laisse-moi partir lui dit-elle, je t’offre mon dernier baiser. Tu dois désormais dormir, oublier... Docile, il tendit ses lèvres, il y eût le parfum de l’oranger et du jasmin, et puis plus rien. Il sut, c’était fini.

Sur le balcon traînait le journal local. A sa une on pouvait y lire : « Drame à Granville :  une jeune femme tombe du haut de la falaise au Cap Lihou ». Un courant d’air le propulsa dans les airs, il plana longtemps au-dessus de la ville, oiseau de papier léger et fragile, franchit les remparts et finalement s’abîma dans la mer. Alors une pluie diluvienne s’abattit. La ville soupira d’aise, libérée de son fardeau. Louise avait raison, il était temps d’apprivoiser l’absence, renoncer à l’amour défunt mais avec le formidable sentiment de l’avoir vécu à en perdre la raison.

 (*) Extrait « Le baiser » d’Alain Souchon

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Prix de la Pomme de Terre (spécial Noirmoutier) "En mer, faut pas être fier" de Gildas Abgrall

Goiser. Et aussi dégoiser, il pouvait bien s’agir en effet de deux des activités les plus prisées des populations locales maugréait-il in petto en poussant avec une difficulté croissante sur ses cuisses fourbues.
Savoir ce qu’il foutait là sous les étoiles, risquant à chaque pas de s’enliser, à jamais peut-être, dans les sables mouvants, il n’en avait plus que quelques bribes d’idées.
Il avançait parce qu’il n’y avait plus que ça à faire. L’affaire était pliée, l’heure de basse mer était passée. Il ne savait plus quand exactement, mais ça ne l’affolait pas. Pas encore. Pour l’instant il était sûr de sa force et de son élan. Il connaissait les passes, les repères, pas de doute là-dessus. Il ne l’avait pas fait cent fois, d’y aller avec René, ramasser les plus grosses crevettes entre les pieds métalliques des parcs, mais pas loin. Et il savait : quand le clocher de Beauvoir est par là, tu dois faire cent trente pas puis tourner à gauche à angle droit jusqu’à ce petit pic de bois tout effrité et repartir à droite ; de toute façon quand t’es là, t’es rendu puisque tu vois les tables sortir de l’eau !
Non, ce qui le rendait fou, c’était bien d’avoir glissé et beurré son pantalon de cette vase grasse dont le parfum devenait entêtant vu qu’elle commençait à sécher. Pas moyen d’échapper au ridicule quand il rentrerait. Il y en avait toujours au moins un en train d’écluser un dernier verre. De toute façon le bar n’avait aucune limite de fermeture et en plus, même s’il arrivait à retourner sans que personne ne le voie, son vêtement le trahirait sur le fil à linge le lendemain. C’était comme ça dans ce coin du bourg, tu ne pouvais pas y couper. Y en avait un, malin, qui avait cru faire taire tout ce vacarme que faisait les commères – et n’y avait pas que des femmes ! – dans les parages. Il avait écrit sur la façade de sa belle demeure d’une écriture bleue, ample mais élégante : « Bien faire et laisser dire ». Le bruit des pensées de cette humanité avait alors surpassé le brouhaha des commentaires.
Le sentiment général qui l’agitait était celui d’une belle connerie. Mais qu’est-ce qui lui avait donc pris de tenter ça de nuit ? Il s’efforça de chasser de son esprit la sensation cuisante de son épaule meulée par le poids du fardeau. Rien à faire, il était plus lourd à chaque seconde. Par un effort de volonté, il tenta de trouver comment apprivoiser la douleur, car à présent il savait qu’il y laisserait des plumes.
Bon sang ! Il n’allait pas caler en route. Il était allé la chercher, il l’avait trouvée, il ne s’agissait plus que de rentrer à présent. Lui ne savait à qui cela avait appartenu, mais quelqu’un d’autre peut-être, donc pas question d’être vu. Et une partie du chemin était déjà derrière, alors !
Il embraya sur des chansons. Chants de marin, chansons à boire. Pas trop tout de même, que ça n’aille pas lui donner soif en plus de ça !
Il pensait comme les gens du pays, mais il n’en serait jamais. Il l’avait su dès les premiers jours, en observant leur attitude. Et il avait surpris parfois des morceaux de conversation où il était question d’un tel ou d’un autre, de ceux qui s’habillaient en bleu et avaient, vissée sur le crâne, la même casquette qu’eux depuis trente ans, mais restaient des étrangers. Aux quolibets et aux sous-entendus, il avait ancré sa foi : il cultiverait la différence.
Ce n’était ni rejet ni défiance, il était breton et ferait les choses comme il l’avait appris. Il repassait dans sa tête ce qui l’avait surpris lorsqu’il était arrivé, voilà bien des années. Un des chocs qu’il avait ressenti s’était produit en mer. Depuis mars, il était tous les jours sur l’eau et il apprenait aux gamins à passer et virer autour des bouées de filets, de casiers sans jamais même les frôler. Et il leur avait dit qu’il n’en était pas question. C’était des outils de pêche et personne n’aime que l’on vienne toucher à ses affaires. Au premier matin de l’heure d’été, il croisa une barque de pêche et salua en baissant la tête, comme il l’avait vu faire de toute éternité à Concarneau ou à La Trinité. Le gars en face lui répondit d’un coup de menton. Ah, mais ça ! avait-il explosé intérieurement. Il lui avait fallu plusieurs jours et croiser autant de fois le marin, puis avoir l’occasion de causer avec lui au mouillage pour s’apercevoir qu’il n’y avait aucune animosité dans ce geste, mais qu’il s’agissait bien seulement de la façon dont on saluait ici.
A comparer ce trait d’éducation et quelques autres, il avait bien avancé sur le retour et avait réussi à maintenir la souffrance à la marge de ses pensées. Mais il n’allait pas aussi vite qu’il avait pu l’imaginer. Quelle bêtise d’avoir tout emmené ! Ça pesait un âne mort et bien entendu il n’avait pas envisagé d’en laisser une partie. A aucun moment.
La vase lui montait aux chevilles à chaque pas, normal avec un quart de son poids en chargement. Il calculait tout ceci naturellement, l’esprit en roue libre pour ignorer ses épaules en marmelade (il avait changé la charge de côté), ses jambes en feu, son cœur qui cognait. Il se résolut à regarder sa montre. Il avait à présent besoin de s’assurer qu’il n’était pas en retard sur la marée.
Le clapotis et les langues de mousse que poussait le flot devant ses pieds lui répondirent plus sûrement que l’indication donnée par le cadran. Il fallait accélérer ! Par un sursaut de volonté - d’orgueil ? - il hâta la cadence. Sans compter au début, puis en marquant un rythme afin de s’entraîner dans le mouvement et de ne pas le laisser faiblir. Il fredonna : Je survolerai la terre, en Latécoère ». La force de l’âge ! Il était dans la force de l’âge et cela comptait, tout de même.
Mais ce n’était pas possible, plus maintenant. Pas après un engagement d’une telle durée. Il retournait tout ceci autant qu’il le pouvait, mais ça ne l’avançait pas. Il restait encore trop de distance à parcourir. Avec ce poids et à présent l’eau qui lui baignait les pieds, ça ne passerait pas. Il fallait se résoudre à lâcher du lest, à progresser plus vite ou à fournir plus d’efforts encore au fur et à mesure qu’il aurait de l’eau au mollet, puis au genou… et à mi-cuisse. Il pensa avec un rire amer aux coureurs des Foulées du Gois, se remémora l’aisance des premiers et les mouvements désordonnés que produisaient ceux du peloton qui n’avaient pu trouver le rythme pour devancer le flot. Il lâcha un ricanement sur la pensée que la force de l’âge devrait composer avec une certaine sagesse, mais il était trop têtu pour qu’elles fassent bon ménage.
Il ruisselait de sueur et soufflait comme une forge. Au fil des replis de terrain, il fit jeu égal avec la marée, dans un premier temps. Elle le devançait le plus souvent, mais des buttes, imperceptibles à basse mer, formaient des plateaux découverts qui lui redonnaient l’impression de prendre l’avantage, ou du moins de réduire son retard. Tout ceci était illusoire, il le savait. A un endroit il lui fallut franchir un bras, puis un autre, où l’eau lui atteignait la taille. Et il n’était pas encore à la digue. D’un coup une sombre pensée chassa les coureurs à pied. Ne disait-on pas « il est mort dans la force de l’âge ». Tout à trac il s’arrêta, jeta un coup d’œil circulaire et c’est ce qu’il avait de mieux à faire !
La lune se levait sur sa gauche et lui sauva la mise. Comme un clin d’œil rompant sa solitude, un panneau en cachait une partie. Surprenante apparition dont le message comme la destination étaient enfouis sous une couche de vase. De son couteau, il eut vite fait de l’ôter du poteau et de poser l’ancre et la chaîne sur ce traîneau improvisé. Un bout pour l’arrimer, il en avait toujours au fond de sa poche. Il franchit les six cents derniers mètres de sa pêche avec son mouillage surfant sur le fond, derrière lui.
                        
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Prix Bonnet d'Âne (hors sujet mais qui mérite le détour) "L'indécis" par Anonyme

Bigre ! Un péricote de deux pages et on n'a pas le choix des mots que c'en est pas possible à mettre tout en place en si peu de temps vu que c'est à jeter dans la boîte à lettres comme si c'était hier et avec çà que je suis au turbin toute la journée à perdre ma sueur pour le petit Faucher et les administrés et au plumard toute la nuit, quoique après tout dans ces temps-ci la breloque à faire les canetons est en rade à cause que la gouverne a changé de nid vu qu'elle a pris ses quartiers d'été à la Guérinière avec les onze enfants.
"Des vacances à la mer ça peut pas leur faire du mal" qu'elle a dit. 
Alors moi, je m'suis dit "toi qu'a toujours un moment dans la nuit où que la caboche est entre deux rêves avec les soucis qui rampent en silence à travers la forêt des neurones, prends ton courage à demain et vas-y donc voir à essayer de mettre un peu d'ordre à tous ces mots peut-être bien que les soucis en profiteront pour aller se balader ailleurs"


C'est qu'il s'agit pas de rigoler avec ça. C'est du sérieux, du flamboyant qu'il faut leur servir aux tenanciers du "Trait-d'Union" parce que ceux-là c'est pas moins que rien et ça mérite le respect toute cette littérature qu'est encrée noir sur blanc sur les étagères et les tables et même sur les chaises et les tapis que c'en est compliqué d'y déplacer ses pattes sans lui faire peur. 
Et tous ces beaux paquets de feuillus numérotés et massicotés au quart de poil, c'est tout rempli de mots que plein de gars et de filles de sous tous les ciels du monde ont réussi à mettre en enfilade pour raconter leur histoire de vie. Et ça, ça mérite pas qu'on se moque parce que si tous ces gens-là ont quelque chose à dire eh bé faut les laisser dire. C'est comme ça qu'on peut se sentir mieux dans sa tête parce que la vie elle est pas toujours gentille avec nous. Au point que s'en est triste de voir que la nature elle est si belle à voir avec toutes ces lignes et toutes ces couleurs qui s'assemblent à faire pâlir de honte un ingénieur des mines ou un marchand de glaces et que face à toute cette beauté, avec nos cervelas de cancres, on n'arrive pas à s'installer dans ce bonheur-là. Faut toujours qu'on aille se chercher des poux dans la boîte à pensées sans voir que le ciel et la terre y sont là pour qu'on les regarde et qu'on apprenne le bon goût, sans s'énerver et sans se laisser déchirer par les crocs du temps qui passe. Et ça, même avec toute ma foi de canard, je crois bien que c'est pas facile mais ce serait bien d'y arriver. Ce serait comme d'avoir sa place sur les rayonnages où y'a tant de belles choses écrites avec tant de talent. Mais à y voir de près je crois que c'est pas pour moi. 
Alors, tous les mots qu'elle a dit la dame on va les ranger dans le cabas de la déchetterie et les consignes avec parce que les ordres j'aime pas beaucoup ça et je crois que c'est une bonne nouvelle pour tout le monde.

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