La parole aux résidents de la maison de retraite

Confinés, les résidents de la maison de retraite Beau Repaire prennent la parole

Comme dans toutes les maisons de retraite, les résidents sont confinés depuis plus de deux mois. Récemment, un dispositif sécurisé leur permet de retrouver leurs proches. Les Humeurs de l'Île sont venus à leur rencontre pour leur permettre de communiquer avec l'extérieur et de donner leurs ressentis face à leur quotidien lié à l'épidémie de Covid 19.

Et c'est ainsi qu'accompagnés d'Aurélie et Philippe, six volontaires, Maryvonne, Lucie, Catherine, Jeanine, Raymonde et Paul (âgés dans le désordre de 61, 82, 89, 90, 91, 94) se sont installés, un peu intimidés, ne sachant pas vraiment quel exercice les attendait. Mais bien vite la confiance s'est installée et le plaisir de raconter, d'échanger, même pour les plus réservés, a pris le dessus. 

D'entrée de jeu, les uns et les autres déclaraient combien ils souffrent d'être déconsidérés du fait d'être en maison de retraite. "on est rabaissés par rapport à ce qu'on était avant. On est dévalorisés. Et pourtant on a toujours le même caractère, on a toujours envie de vivre" et d'ajouter "même si ici on est bien" Car certains d'entre eux on choisit de venir en maison de retraite pour briser leur solitude "pour moi, être en maison de retraite, c'est positif car j'aime être en compagnie et chez moi je me sentais seule" en effet, en temps ordinaire, être résident à Beaurepaire ne rime pas avec confinement puisqu'il y a des animations, des sorties, des visites et aussi les très importantes réunions de l'après-midi "Je regrette les petites réunions de l'après-midi"

Les contraintes du confinement

Face au confinement, la solitude et l'ennui sont insupportables "je suis en manque de contacts avec les autres résidents, en manque des animations qui rythmaient mes journées" et de lâcher "je m'ennuie à mourir même si j'ai commencé un puzzle" Pendant, qu'une autre voix s'élève "les sorties me manquent, je suis comme un lion en cage. Les journées se ressemblent, j'oublie même de retirer la feuille quotidienne de l'éphéméride. Je commence à perdre mes repères face à la routine"  

Les programmes TV critiqués

Et puis les jugements fusent au sujet des programmes TV et des informations en  boucle "On parle trop de l'épidémie à la TV. On entend que ça toute la journée. C'est trop. Qu'on en parle, c'est normal, mais sans arrêt, NON !" Et d'ajouter "ce que je critique, c'est que cela prend toute la place" En effet, les programmes sont chamboulés et les émissions habituelles font défaut "je cherche des documentaires car cela me permet de m'évader et parfois je vois des belles choses"

Le plaisir de raconter

Rapidement, le sujet du confinement est abandonné et laisse place aux échanges spontanés. On se découvre des connaissances communes, on recoupe des souvenirs et la réunion se transforme en un moment convivial où chacun s'animent, non plus dans le négatif, mais bien au contraire, dans un élan de parole libérée. Les Humeurs de l'Île a depuis longtemps oublié le plexiglass qui la sépare des ses interlocuteurs, le Covid 19 n'a plus la vedette, les histoires se succèdent, les fous-rires et les plaisanteries fussent. Tous se sentent vivants. Parmi les souvenirs, on retiendra l'histoire des "camarades de communion", un lien qui perdure au fil des années, une fidélité sans faille ; le ramendage des filets de pêche ; le travail aux conserveries de l'Herbaudière ; les bals chez Irma et la poigne avec laquelle elle tenait son établissement. Personne n'a vu le temps passer et il faut se dépêcher d'aller déjeuner. On se dit au revoir le regard brillant et le sourire aux lèvres. C'est le coeur remplit d'allégresse que les Humeurs de l'Île quittent ces personnes pleine de vie et d'espoir. "MERCI !!" 

 

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